Françoise Nyssen en faveur de l’éloquence et de la langue française !

L’ex-ministre de la Culture rejoint le Conseil d’administration de l’Atelier de la langue française !

 

Ancienne Ministre de la Culture et forte de son expérience à la direction des éditions Actes Sud, Françoise Nyssen mettra son vaste réseau et son expertise inestimable au service de nos actions. Son engagement permettra à l’Atelier de rayonner à l’échelle nationale, renforçant ainsi notre mission de valorisation de la langue française sur tout le territoire.

À l’occasion de son entrée au sein du conseil, Françoise Nyssen a accepté de répondre à nos questions :

 

© Renaud Monfourny

Pourquoi avoir choisi de rejoindre l’Atelier de la langue française ?

“Et comment est-ce qu’on pourrait refuser une telle invitation ? La langue française, c’est notre lien, c’est ce qui permet de transmettre et de partager les idées, de diffuser la beauté et dîner, partager de l’émotion.

Tous les termes sont beaux dans l’intitulé « Atelier de la langue française » : « Langue française », c’est une évidence. « Atelier », c’est magnifique.
Redonnons du sens à la notion d’« atelier », et ce dans tous les domaines !

J’ai la chance de faire un métier d’artisanat : l’édition. Une maison d’édition est un atelier. C’est l’endroit où on travaille, où on élabore, on expérimente, on construit des produits uniques sur le temps long. Le terme même « Atelier de la langue française » n’est pas un terme qui affirme une chose avec certitude, mais une notion qui ouvre à ce qu’on ne connaît pas, qui implique le possible, et ça me plaît.

D’ailleurs, nous avons développé une collection de livres parascolaires dénommée « les Ateliers d’ACTES SUD ». C’est un terme qui nous est cher. J’ai toujours aimé les ateliers.”

 

En quoi la maîtrise de la langue française est-elle l’enjeu de notre temps ?

“Dans un temps où on a beaucoup de difficulté à s’entendre, du fait de clivage entre les gens, les communautés, les pays… Avoir une langue commune, partageable et entendable est plus important que jamais. Si on ne se comprend pas, on va vers tous les désastres. Il est important de maîtriser pour cela une langue en partage.

La notion de « maîtrise » est une notion d’engagement dans ce que l’on fait. Ce n’est pas quelque chose de léger. Ça l’est bien sûr dans la capacité et le bonheur de l’entendre. Mais la pratiquer, cela demande une véritable prise en main, un respect et donc une « maîtrise » qui redonnera confiance, et ce, dès le plus jeune âge. On ne peut maîtriser quelque chose qu’en le pratiquant. C’est d’ailleurs, me semble-t-il, l’esprit de ce qui est fait à l’Atelier de la langue française.”

 

Que représente l’éloquence à vos yeux ?

“Pour avoir été confrontée à l’exercice de la représentation nationale à l’Assemblée nationale, des points de presse permanents quand on est ministre, etc. L’éloquence est indispensable. Moi, je n’ai, à priori, aucune maîtrise d’éloquence. Au départ, je suis issue d’une formation de chercheur en biologie moléculaire, donc je suis plutôt quelqu’un du domaine scientifique.

J’ai dû prendre des cours, je me suis fait aider, car je me suis rapidement rendu compte que si nous n’avons pas cette capacité d’éloquence comme ont souvent les gens de robe, alors nous ne sommes pas entendus. On n’imprime pas comme on dit en politique. C’est très important.

Pour s’exprimer avec éloquence, il s’agit aussi d’être clair dans le déroulé de sa pensée et développer sa capacité à une juste controverse. À l’heure des réseaux sociaux où on assène des propos définitifs, on devrait retrouver cette compétence.

C’est aussi nécessaire pour lutter contre les assignations à résidence qui s’accentuent à l’heure actuelle en permettant plus de mixité sociale. Rappelons-nous l’enseignement du formidable film de Stéphane de Freitas “À voix haute”, un formidable témoignage de l’importance de ces exercices d’éloquence. J’avais accueilli sous la coupole quand j’étais ministre la finale d’Eloquentia. Voir ces jeunes venant de la périphérie s’exprimer avec ferveur et éloquence était un moment inoubliable sous les ors de la République.”