Rencontres d’auteurs de novembre et décembre

Pour cette fin d’année, nous avons eu le plaisir de recevoir trois grands auteurs à la villa Acantha.

Cynthia Fleury – Jeudi 18 novembre 2021

Guérir du ressentiment

Certains livres connaissent un écho profond au moment de leur parution, parce qu’ils répondent à une expérience intime de leurs lecteurs. C’est le cas de Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment. Dans cet essai au croisement de la psychanalyse et de la philosophie politique, Cynthia Fleury alerte sur la rumination et ces postures victimaires qui nous empoissonnent individuellement et collectivement. Chacun connaît ce chemin vers la rancœur, cette perte de discernement et cette rage de l’impuissance. Mais comment faire lorsque toute la société s’y abyme et -ce faisant – s’abîme ?
 
« Le ressentiment est en marche, nous prévient l’auteur, bien ancré dans les cœurs et les discours, prêt à la revendication ». Il se développe telle une hydre à mille têtes enveloppant progressivement ses victimes. Il menace le fonctionnement même de nos démocraties. Alors, que faire ? comment, préserver en nous ces réserves de générosité, d’admiration et d’étonnement qui rendent l’individu civilisé ? comment, en somme, retrouver la capacité d’agir et de créer ? C’est à ces enjeux pressants que nous dédierons cette rencontre.
 
Cynthia Fleury est philosophe et psychanalyste. Elle est notamment l’auteur des Pathologies de la démocratie (Fayard, 2005), de La Fin du courage : la reconquête d’une vertu démocratique (Fayard, 2010) et de Le soin est un humanisme (Gallimard, 2019). Ci-gît l’amer est son dernier ouvrage.

 

Jean Birnbaum – Vendredi 26 Novembre 2021

Le courage de la nuance

« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison», disait Albert Camus, et nous sommes nombreux à ressentir la même chose aujourd’hui, tant l’air devient proprement irrespirable. Les réseaux sociaux sont un théâtre d’ombres où le débat est souvent remplacé par l’invective : chacun, craignant d’y rencontrer un contradicteur, préfère traquer cent ennemis. Au-delà même de Twitter ou de Facebook, le champ intellectuel et politique se confond avec un champ de bataille où tous les coups sont permis. Partout de féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt qu’éclairer les esprits.
 
Avec ce livre, Jean Birnbaum veut apporter du réconfort à toutes les femmes, tous les hommes qui refusent la «brutalisation» de notre débat public et qui veulent préserver l’espace d’une discussion aussi franche qu’argumentée. Pour cela, il relit les textes de quelques intellectuels et écrivains qui ne se sont jamais contentés d’opposer l’idéologie à l’idéologie, les slogans aux slogans. Renouer avec Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland Barthes, ce n’est pas seulement trouver refuge auprès de figures aimées, qui permettent de tenir bon, de se tenir bien. C’est surtout retrouver l’espoir et la capacité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évidences, il n’y a pas plus radical que la nuance.
 
Jean Birnbaum dirige Le Monde des livres. Il est l’auteur de plusieurs essais, et notamment d’Un silence religieux. La gauche face au djihadisme (2016, prix Aujourd’hui) et La Religion des faibles. Ce que le djihadisme dit de nous (2018, prix Montaigne).

 

Dante Alighieri – Jeudi 9 décembre 2021

La Divine Comédie

En septembre dernier, nous commémorions les sept cents ans de la mort de Dante. Depuis que nous arpentons son œuvre, il ne semble pas que notre fascination doive décroître. Témoignage irremplaçable de la culture médiévale, éblouissante synthèse de l’histoire de la pensée occidentale où Antiquité gréco-latine, christianisme et théologie des Pères de l’Église se côtoient, galerie de personnages inoubliables convoquant à la fois le mythe et l’histoire, poème écrit dans une langue à la beauté inépuisable, la Divine Comédie, composée entre 1303 et 1321 par le florentin Dante Alighieri, est un chef-d’œuvre incomparable, l’un des plus beaux de la littérature mondiale.
 
C’est le fruit d’une extraordinaire vision, celle d’une épopée spirituelle où l’amour et la poésie s’affirment comme d’indéfectibles guides. Une aventure qui plonge d’abord Dante dans l’abîme de souffrances de l’Enfer, qui l’amène ensuite à gravir les flancs de la montagne du Purgatoire, pour le conduire enfin au Ciel, dans la clarté imprenable du Paradis. Une traversée de l’au-delà qui aura vu les morts, damnés et bienheureux, prendre tour à tour la parole afin de nous révéler le sens de l’histoire, de la justice, de l’amour et de la félicité humaine.
 
Relisons la Divine Comédie, prêtons l’oreille à sa magnifique poésie, en nous laissant guider par sa dernière traductrice, Danièle Robert, et la comédienne Maud Narboni.
 
Danièle Robert est écrivaine, critique et traductrice des œuvres poétiques complètes de Paul Auster, Catulle, Ovide, Guido Cavalcanti. Elle présente aux éditions Actes Sud une édition critique bilingue de la Divine Comédie : Enfer (2016), Purgatoire (2018), Paradis (2020) dans une traduction entièrement novatrice.
 
Maud Narboni a longtemps travaillé en troupe avec Catherine Marnas, la compagnie Humbert, Danièle Israël, Cyril Desclés… et, plus récemment, avec Frédéric Constant, Alexandra Tobelaim, Vincent Franchi, la compagnie de danse-théâtre Le Sixièmétage, Renaud Marie Leblanc et le festival des Journées de l’éloquence. Elle a participé à l’écriture, à la dramaturgie et à la mise en scène de plusieurs spectacles, ainsi qu’à des fictions sonores pour la radio.